Foi

Capsule du mois de Mai 2025 | Pardon: cicatrisation et douche du cœur, acte de foi et d’humilité (2ème partie)

Faute d’avoir été éduqués dans ce domaine, la plupart d’entre nous ont un cœur encombré de vieilles émotions malodorantes ou ont accumulé une couche importante de « cholestérol émotionnel » qui leur tapisse les artères et fait obstacle à l’écoulement libre et fluide de tout leur amour. Bien sûr, nous avons appris à donner le change, à faire bonne figure, à cacher sous une attitude composée les émotions douloureuses qui nous habitent et dont nous ne savons pas trop comment nous défaire, mais elles transpirent malgré tout, comme nous le constatons clairement chez les autres. Le pardon est justement la douche du cœur. Si nous n’arrivons pas à ouvrir la porte « pardonner », si elle reste fermée malgré nos efforts et les coups que nous y frappons, parce que notre cœur s’y refuse, parce que quelque chose en nous résiste et nous en empêche, nous pouvons peut-être atteindre le même espace en passant par la porte située à l’extrémité inverse, la porte « demander pardon ». Comment cela ? Quand nous n’arrivons pas à « par-donner », quelque chose en nous « garde » rancune. Notre mental bloque notre cœur. Il l’assèche, le refroidit et le durcit. Notre cœur est un : il suffit d’une seule relation haineuse, pour que celle-ci contamine toutes les autres, y compris les personnes qui nous sont les plus chères. La sortie inattendue de cette impasse apparente, c’est de demander pardon nous-même. Pourquoi ? Et à qui ? Nous pouvons demander pardon à l’Amour avec un grand « A » de nous être coupé de Lui, de cette source qui donne vie à tout être et toute chose, nous inclus. Si nous nous sentons  capable, nous pouvons aussi demander pardon à celui qui nous a  fait du mal, non pas pour ce qu’il a fait, dont il est seul responsable, mais pour la manière dont nous l’avons longtemps identifié à ses actes négatifs, dont nous l’avons réduit à l’ombre de lui-même, et dont nous nous sommes servi de lui pour cultiver nos propres sentiments négatifs. Apprendre à demander pardon a pour effet surprenant d’ouvrir soudain une brèche en soi. Le don du pardon change l’orientation de notre regard et de nos efforts. Nous ne regardons plus vers le bas, du haut de nos jugements, vers celui qui a fauté contre nous. Nous nous tournons vers le haut, vers Dieu pour ceux qui sont croyants, et nous faisons acte d’humilité : nous  lâchons prise, nous nous abandonnons à Lui. Ce renversement paradoxal de posture libère quelque chose de coincé en nous, il court-circuite les obstacles mentaux au pardon.
Ajoutons enfin qu’il n’y a pas de vrai pardon sans humilité. Le pardon qu’on déverse sur autrui, qu’on lui octroie par magnanimité (sinon condescendance), n’est pas un vrai pardon. C’est de l’orgueil déguisé, il émane de l’intellect et non du cœur. La blessure émotionnelle est masquée, elle n’est pas guérie. Le remède à ce pardon-orgueil, faussement thérapeutique, c’est le pardon-humilité que permet justement de développer la capacité à demander soi-même pardon, du fond du cœur, dans une forme d’abandon total, de lâcher-prise. Apprendre à demander pardon soi-même tient donc en grande partie à l’humilité. Demander pardon revient à laisser tomber cette vieille armure rouillée dont chaque morceau correspond à la cristallisation de vieux jugements, de vieilles peurs et émotions négatives.

Farida Abèni OSSENI AGOSSOU
Dispensatrice de faveurs imméritées reçues.

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *